Ce que je me dis tout le temps pour surmonter cela, c’est qu’il existe trois axes possibles pour entretenir facilement une conversation :
Axe 1 : « Faire découvrir son monde » => parler de soi, se révéler.
Axe 2 : « Découvrir le monde de l’autre » => s’intéresser à l’autre, poser des questions.
Axe 3 : « Parler du monde autour de soi » => le temps qu’il fait, les décors, l’actualité, les événements du monde.
L’art de la conversation, c’est savoir jongler entre les trois axes. Globalement, j’ai pu constater que les gens, même les plus timides, maîtrisent ce qu’on appelle la petite conversation. C’est-à-dire les échanges anodins, les discussions sur l’actualité, la météo, le travail… Mais cela semble beaucoup plus difficile lorsqu’il s’agit de parler de soi ou de s’intéresser à l’autre ! Ce nouvel article va donc se focaliser uniquement sur l’axe 1 et l’axe 2, tout comme le nouvel outil gratuit que je vous propose : la Grille de conversation, version 2.0.
Quand je ne sais pas quoi dire ou que je manque d’inspiration face à un interlocuteur, je me dis que j’ai toujours une marge de manœuvre grâce à la possibilité de « switcher » sur l’un des trois axes : parler de soi (exemple : ma passion pour la photographie, mes états d’âme du moment), m’intéresser à l’autre (exemple : lui poser une question sur ses passe-temps du week-end) ou parler de banalités diverses (exemple : l’actualité, le travail…).
En fonction de l’axe sur lequel je me trouve, je peux soit : permettre à mon interlocuteur de mieux me connaître, établir une relation plus personnelle, mieux cerner une personne.
Évidemment, si on ne parle que de soi lors d’une conversation, on peut apparaître comme une personne égoïste et focalisée sur elle-même. Si on se contente de ne poser que des questions à l’autre sans se révéler, on devient une personne mystérieuse ou qui manque de personnalité. Et si on ne parle que de choses banales de la vie quotidienne, on risque de paraître comme quelqu’un de lisse et de rencontrer des difficultés pour établir des rapports intimes avec les gens.
L’idéal est donc d’arriver à trouver un équilibre. De savoir jongler sur les trois axes, de passer de l’un à l’autre en fonction de la magie de l’instant présent.
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Axe 1 : L’IMPORTANCE DE SAVOIR PARLER DE SOI
Alors à quoi ça sert concrètement de parler de soi lors d’une conversation ?
- À permettre à mon interlocuteur de me connaître.
- À mettre en avant ma personnalité, à affirmer mon identité : QUI JE SUIS.
- À « exister » tout simplement sur la scène sociale, à avoir une présence.
- À permettre à autrui de me tendre des perches pour développer une conversation.
En effet, si je ne parle jamais de moi (par exemple lors des pauses au boulot ou à la fac), l’interlocuteur peut être bloqué et ne sait pas comment faire pour initier ou développer une conversation. Il va plutôt se tourner vers quelqu’un de plus bavard ou disponible.
Si je parle suffisamment de moi, ça peut au contraire aider mon interlocuteur à mieux connaître mon univers et lui donner des perches pour développer une conversation avec moi, du genre : « Au fait, comment va ta copine Laurie ? », « Tu as vu le dernier match de l’OM ? », « Comment se passent tes cours de guitare ? »
Parler de soi, c’est un problème récurrent que je rencontre beaucoup lors de mes coaching individuels. À croire même si ce n’est pas le problème numéro 1 des gens introvertis et timides !
Alors comment résoudre ce problème ? Déjà commencer par identifier la cause profonde. Il en existe plusieurs possibles :
- La peur du jugement d’autrui : on n’ose pas se mettre en avant par peur de paraître trop ceci ou cela, on est obnubilé par ce que l’autre va penser de nos propos, on a peur de dire des choses inintéressantes. Toutes ces barrières psychologiques inconscientes vont du coup nous empêcher de se révéler.
- Hypersensibilité : peur d’être incompris, difficulté à gérer ses émotions (on a envie de pleurer dès qu’on parle de choses trop personnelles).
- Sentiment social ébranlé (au sens psychologique d’Adler) : les souffrances accumulées au cours de sa vie ont forgé une sorte de carapace et on se replie dans la méfiance de l’autre.
- La culture, l’environnement familial : dans certaines cultures, il se peut que parler de soi est moins valorisé…
- Troubles divers, dyslexie, TDA : par exemple, en ce qui me concerne, longtemps, j’ai été incapable de faire des monologues, de raconter des anecdotes. J’évitais certains sujets comme raconter le déroulement d’un voyage, résumer ou parler d’un livre que j’ai lu, expliquer les règles d’un jeu de société, débattre de sujets intellectuels, parce que c’était un calvaire pour trouver mes mots. J’avais une sorte de sensation de vertige, de vide, dans mon cerveau et mes idées s’embrouillaient dès que je m’exprimais. Plus le sujet semblait compliqué, plus c’était le flou dans ma tête. Bref, ça m’avait demandé des années de travail sur soi pour surmonter ce problème.
Ce sont les causes les plus fréquentes que j’ai pu observer en discutant avec les gens concernés. Il peut en avoir sûrement d’autres. À vous d’identifier la ou les causes possibles et d’opérer un travail sur soi pour résoudre le problème.
Concernant les solutions concrètes, elles ont souvent été évoquées sur le blog, telles que le fait de :
>> s’obliger régulièrement dans les conversations à employer le pronom personnel « Je », privilégier certaines expressions comme « Je ressens que… » ou « Selon moi… », s’entraîner à chaque rencontre à raconter une anecdote personnelle de 5 minutes, faire du storytelling (parler de soi sous forme d’une histoire).
Pour les explications en détails sur les solutions, vous pouvez consulter en priorité :
Le nouvel outil : la Grille de conversation (version 2.0). Il est conçu spécialement pour ça et vous donnera plusieurs pistes !
L’outil : 7 techniques pour mieux s’affirmer et gérer ses émotions
L’article : s’affranchir du jugement d’autrui pour exprimer librement ses idées
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Axe 2 : L’IMPORTANCE DE S’INTÉRESSER À AUTRUI
De la même manière… à quoi ça sert concrètement de s’intéresser à l’autre lors d’une conversation ?
- À mieux connaître la personne, à découvrir son univers personnel.
- À établir un lien plus personnel, plus intime. Créer une connexion.
- À montrer son intérêt sincère pour la personne : QUI EST-ELLE VRAIMENT ?
- À valoriser la personne : qui n’est pas flatté que quelqu’un s’intéresse sincèrement à vous ?
Il y a une formule de Dale Carnegie que j’adore et que je cite souvent :
« Tu peux te faire plus d’amis en deux mois si tu t’intéresses aux autres qu’en deux ans si tu attends que les autres s’intéressent à toi. »
S’intéresser sincèrement aux autres pour avoir du succès dans les relations sociales, c’est un conseil, un principe, que l’on retrouve partout :
Dans le best-seller Comment se faire des amis de Dale Carnegie (qui n’est pas n’importe quel ouvrage, l’auteur a étudié soigneusement tous les invariants qui favorisent une sorte de « harmonie sociale » entre les gens), Dieu voyage incognito de Laurent Gounelle (qui écrivait : « Embrasse l’univers de ton prochain, et il s’ouvrira à toi. »), dans la plupart des livres de communication et de séduction, dans les principes de l’hypnose et de la PNL avec la notion de synchronisation, etc…
Si l’on retrouve ce conseil partout, c’est que ça veut dire quelque chose, que ça marche, que ce n’est pas juste un principe un peu bateau.
Alors parfois, j’entends les gens me dire : « Oui, mais ça ne marche pas, je m’intéresse aux gens dans les rencontres, je leur pose pourtant des questions ! »
Ok mais il ne s’agit pas de s’intéresser en surface à la personne, de se contenter de poser des questions, mais de s’intéresser vraiment, SINCÈREMENT, d’ouvrir son cœur, d’embrasser l’univers de l’autre comme dit Laurent Gounelle.
Pour comprendre, je vous propose de comparer la différence entre ces deux dialogues :
Marc : Alors tu as fait quoi ce week-end ?
Julie : Pas grand chose, j’ai regardé la télé et j’ai vu mes copines.
Marc : Ok cool ! Vous êtes sorties un peu sinon ?
Julie : Oui, on a fait un peu de shopping entre filles ! :-)
Marc : Super. Au moins, tu t’es bien reposée !
Marc : Alors tu as fait quoi ce week-end ?
Julie : Pas grand chose, j’ai regardé la télé et j’ai vu mes copines.
Marc : Qu’est-ce que t’as regardé à la télé ? Tu as vu Isa et Lydie, c’est ça ? Ce sont tes meilleures copines ?
Julie : Koh Lanta. C’est ça, tu as une bonne mémoire. Oui, ce sont mes meilleures copines. Je les connais depuis le lycée ! :-)
Marc : Oui moi aussi, le week-end, je vois mes potes. Je les connais depuis le collège, eux ! J’accorde beaucoup d’importance à l’amitié et on a toujours gardé un lien. Tiens, je ne savais pas que tu regardais Koh Lanta. Qu’est-ce qui t’attire dans cette émission ?
Julie : Je dirais le côté aventure, jeu, suspens, tout ce mélange.
Marc : Ah oui ? Je regarde de temps en temps aussi. J’aurais adoré partir sur une île pour des vacances sous le soleil, mais pas pour y survivre ! Et toi, ça te ferait rêver ?
Julie : Oui, j’adorerais. D’ailleurs, cette année, l’émission a lieu en Thaïlande. J’ai toujours rêvé de voyager là-bas. Avec Isa et Lydie, on s’est toujours dit qu’on ira un jour à Bangkok !
Marc : Bonne idée. Moi, y a un candidat auquel je m’identifie dans Koh Lanta, je crois qu’il s’appelle Freddy. C’est l’ingénieur, qui confectionne sa cabane, sa barque, qui sait tout faire quoi ! Et toi, quel serait ton modèle ?
Julie : Ah c’est drôle, moi mon modèle serait Karima. Je l’admire beaucoup pour son courage, sa mentalité… Elle gagne aux épreuves, c’est une guerrière. J’aimerais être comme elle !
En effet, on voit bien la différence entre les deux versions : dans la seconde, on sent que Marc cherche à s’intéresser sincèrement à Julie, à l’amener à la faire parler de ses sentiments, de ses émotions.
Marc ne se contente pas de s’arrêter à la première réponse de Julie. Il est curieux, poursuit avec des questions ouvertes.
Alors certains vont me dire : « Oui, mais j’ai peur de paraître intrusif, de déranger la personne avec mes questions… »
Sachez que n’importe quel individu est ravi que l’on s’intéresse vraiment à lui, rêve au fond de lui de partager ses secrets. Du moment que c’est fait avec tact, avec empathie, avec le cœur, votre interlocuteur le ressentira.
Donc cette méthode marche.
Si ça ne marche pas, c’est que peut-être vous nourrissez des attentes excessives : vous le faites parce que vous attendez que la personne vous aime en retour ou vous comprend, vous cherchez un intérêt à la relation, ou votre dialogue interne est sans cesse focalisé sur l’ego. Et cela contrarie cette « ouverture sincère et totale » à autrui.
D’ailleurs, c’est intéressant de noter que ce principe marche partout, comme sur Internet.
Par exemple, prenons le cas des forums de discussion. Il suffit que vous vous intéressez sincèrement au topic d’une personne, que vous manifestez régulièrement votre intérêt pour ce qu’elle raconte, son histoire, ses états d’âme… Et cette personne vous « renverra la balle », aura la curiosité de vous lire, s’intéressera à vos topics en retour !
Au contraire, les internautes qui restent focalisés sur eux-mêmes, interagissent peu avec les autres sur le forum, obtiennent moins ou peu de réponses sur les topics qu’ils créent.
C’est une tendance globale que j’ai pu observer sur tous les forums de discussion, qui est somme toute assez logique :
Vous vous intéressez sincèrement à la personne et elle s’intéressera à vous en retour.
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SAVOIR PARLER DE SOI & S’INTÉRESSER À L’AUTRE
Je vous invite à consulter la Grille de conversation, version 2.0, pour les exemples concrets.
Et à relire l’ancien article consacré à ce sujet : Surmonter sa timidité en s’intéressant aux autres !
Au final, une bonne conversation, si on doit donner un ordre de grandeur pour se faire une idée, ça serait :
30 % parler de soi, 30 % s’intéresser à l’autre, et 40 % les discussions anodines.
Vous l’avez sûrement compris au-delà des pourcentages : il s’agit de trouver le juste équilibre…
Super article ! Je vais m’en inspirer pour la partie « parler de moi » ;)
Oui un bel article bien écrit comme d’hab ! ça m’a motivé à remplir ma grille de conversation :)
tu as vraiment un talent pour écrire sur ce genre de sujet.
merci pour cet article Sylvain :-)
Super article et l expression est nickel, on comprend tout ce qui est dit!!
J aurai voulu savoir dans quel catégorie est à mettre l humour
Outil essentiel pour créer une intimité avec les gens
c’est sans doute l’un des article les plus important de ma vie . je le met dans mon top 10 . il m’en faudrait d’autre comme ça sur la communication . merci
Bravo pour vos articles que je viens de découvrir par hasard et qui répondent à 100% à mon mal être.
Bizarrement je ne me suis jamais vraiment avoué ma timidité. Ma difficulté à lier amitié à toujours été un poids énorme dans mon existence sans que je puisse y mettre une explication. Et à lire vos articles, cela m’apparait maintenant comme évident car je me retrouve dans la quasi totalité de ceux-ci.
En tout cas merci pour votre travail et je ne manquerai pas de lire les prochains.
Merci
Bonjour
Merci beaucoup pour ce magnifique blog! Un travail vraiment utile!!
Mais avez vous des livres, astuces pour developper l’amour de soi? Car sans amour de soi, pas d’estime et donc pas de force mentale,légitimité pour s’affirmer..connaissez vous une formation online ou avez vous des références pour m’aidez à acquérir l’amour de soi?
Merci
Bonjour, merci pour vos commentaires sympathiques à tous. :)
En réponse à Lola, pour développer l’amour de soi, je vous recommande de lire le livre L’estime de soi de Christophe André.