Voici un article sur la dyspraxie : ce trouble d’apprentissage peu connu du grand public et qui affecte bon nombre d’enfants et d’adultes.
Nous allons tenter de comprendre ce qu’est la dyspraxie, les symptômes et les traitements, pour pouvoir apprivoiser ce trouble.
Cet article a été rédigé à l’aide du site d’info Tous à l’école.
Ainsi, vous saurez mieux aider votre enfant ou vous-même à y faire face : c’est l’objectif de cet article.
QU’EST-CE QUE LA DYSPRAXIE ?
C’est une difficulté ou une impossibilité à automatiser les enchaînements moteurs que l’on déclenche normalement quand on nous demande de faire une action. Par exemple : faire ses lacets.
Cette difficulté est liée à une anomalie de certains circuits cérébraux.
Certains professionnels appellent aussi la dyspraxie « Troubles de l’acquisition des coordinations ».
Elle ne provoque néanmoins ni atteinte motrice, ni déficience intellectuelle, ni troubles psychiques.
Mais les conséquences sur les émotions des enfants ou adultes concernés sont importantes à cause de leurs échecs à reproduire les mouvements et les raisonnements que font les autres personnes de manière automatique.
Ainsi un enfant se sentira souvent dévalorisé comparé aux autres enfants en raison de ses difficultés scolaires dont il se sentira responsable.
Ses difficultés arriveront dès la maternelle alors même qu’il aura des capacités normales pour classer, trier, ranger, déduire, etc…
LES IDÉES REÇUES QUI FONT DU MAL AUX DYSPRAXIQUES :
Certaines personnes pensent en effet que ces enfants ne sont pas assez motivés ou concentrés à faire ce qu’on leur demande, et que c’est la raison pour laquelle ils ne font pas l’action demandée, et qu’ils mettent un certain temps à faire des actions simples.
Les enfants et adultes dyspraxiques se fatiguent psychologiquement davantage que les autres, car ils ne peuvent se concentrer sur deux choses à la fois même s’ils le veulent, et cela leur crée de la frustration que nous pouvons comprendre aisément.
QUELQUES TYPES DE DYSPRAXIES :
– Les dyspraxies gestuelles qui touchent les imitations de gestes, les gestes utilitaires avec ou sans outil, mais aussi l’habillage, les gestes liés aux repas, mais aussi quelques fois les mouvements nécessaires aux mouvements de la bouche pour manger, mastiquer et parler. (Qu’on appelle « praxies-bucco-faciales).
– Les dyspraxies constructives qui provoquent une difficulté ou une incapacité à reconstituer un évènement cohérent à partir d’éléments épars.
Par exemple faire des puzzles ou des jeux de construction, mais aussi dessiner, relier des éléments, tracer des lettres, tracer des figures, etc…
Deux cas de figure existent et qui sont importants pour apporter une aide aux enfants et adultes :
– Soit le modèle visuel de ce qu’il y a à reconstituer n’aide pas l’enfant et le trouble encore plus. Il s’agit alors d’une dyspraxie visuo-spatiale.
Car les stratégies du regard et l’analyse visuo-spatiale qui permettent en temps normal de repérer des éléments dans l’espace, ne sont pas fiables et rendent ainsi improbable la compréhension.
– Soit le modèle visuel aide l’enfant à reconstituer ce qu’il a à faire. Il aura alors une dyspraxie constructive non visuo-spatiale.
POURQUOI CERTAINS ENFANTS ET ADULTES SOUFFRENT DE DYSPRAXIE ?
Les dyspraxies sont causées par les atteintes de plusieurs compétences :
une atteinte du sens de la position des mains par exemple, une atteinte de la coordination œil-main, etc…
Les enfants nés prématurés peuvent souffrir également en grandissant de difficultés d’analyse visuo-spatiale.
En fait, il y a autant de dyspraxies que d’enfants qui en sont atteints. Les médecins ont alors pour mission de trouver quel type d’aide sera le plus efficace pour chaque enfant.
LES PREMIERS SYMPTÔMES D’UNE DYSPRAXIE :
Ce sont souvent les enseignants des écoles maternelles qui décèlent les premières difficultés chez leurs petits élèves.
Ils constatent par exemple que leur graphisme est pauvre, mal structuré et peut sembler avoir été fait par un enfant plus jeune.
Leurs dessins semblent brouillons et peu soignés contrairement à ceux de leurs camarades.
Voici ce qu’un enfant dyspraxique de l’école maternelle n’arrive pas à faire par exemple :
– Dessiner un rond à 3 ans
– Une croix et un bonhomme têtard vers 3 ans ½-4 ans
– Un carré, des boucles et des lettres à 4 ans
Mais également toutes les activités de collage, de découpage, et de coloriage qui sont un vrai calvaire pour les enfants dyspraxiques.
Ce qui doit être des activités agréables pour eux se transforment alors en chagrin, car même s’ils répètent plusieurs fois ces activités, ils n’arrivent à faire aucun progrès, et de ce fait se dévalorisent aux yeux de leurs camarades.
Voici ce qu’un enfant dyspraxique de l’école primaire n’arrive pas à faire également :
– Écrire des phrases avec un beau graphisme, il est alors important pour l’enseignant de ne pas penser ni lui dire qu’il est « cochon » dans son écriture, car l’enfant le voit bien déjà.
– Repérer facilement sur le papier les mots ou les syllabes, alors qu’à l’oral il peut être très performant par exemple.
– Lire facilement des textes, sa lecture est alors lente et hésitante et très pénible à faire pour lui, car il peut sauter des mots ou des lignes sans s’en apercevoir et voir que ses camarades le regardent bizarrement.
– Écrire facilement et rapidement. Son écriture est lente, maladroite et irrégulière. On l’appelle la dysgraphie, qui provoque aussi parfois la dysorthographie, puisque la forme écrite du mot qu’il écrit est toujours en décalage avec son niveau de compréhension et d’épellation.
– Néanmoins, les difficultés que l’enfant éprouve pour placer des opérations sur une page, écrire ses calculs, tracer des figures et utiliser son matériel de géométrie, contraste avec ses capacités normales qu’il a de faire des calculs mentaux.
LES DYSPRAXIES DANS LE QUOTIDIEN DES ENFANTS :
Les enfants atteints de dyspraxie sont souvent plus longs dans les actes quotidiens.
Pour enfiler leurs vêtements dont ils inversent le sens par exemple, ou pour mettre leurs chaussures quand ils ont 3-4 ans, les chaussures droites et gauches sont inversées.
Leurs lacets sont aussi impossibles à faire pour les enfants plus vieux.
Pour manger, tenir les couverts et s’en servir est compliqué également pour eux. Mais aussi mastiquer et avaler en même temps.
Certains enfants peuvent avoir des difficultés pour exprimer leurs pensées également, ce qui les freine dans leurs rapports avec les autres.
Pour bouger leur corps entier, les enfants dyspraxiques rencontrent là aussi des problèmes pour jouer avec d’autres enfants.
Faire du vélo, courir, sauter, jouer au ballon est parfois compliqué puisqu’ils doivent arriver à faire plusieurs mouvements en même temps.
Toutes ces ennuis les rendent donc fatigués à la fin de la journée.
Les enfants dyspraxiques ont ainsi tendance à préférer les activités où leur corps n’est pas utile, telles qu’écouter ou inventer des histoires, regarder des programmes à la télévision.
L’ESTIME DE SOI DES ENFANTS DYSPRAXIQUES :
Les parents et les médecins constatent avec tristesse que tous les enfants dyspraxiques manquent de confiance en eux, et qu’ils se sous-estiment souvent par rapport à leurs camarades.
Ils ne peuvent s’empêcher de se comparer aux autres enfants et ont tendance à croire que leurs difficultés sont de leur faute.
Les enfants sont alors très soulagés quand ils apprennent le diagnostic de leur dyspraxie.
L’incompréhension des autres enfants face à leurs maladresses et leur lenteur fait aussi, que les enfants dyspraxiques sont souvent moqués en classe et dans les cours de récréation.
Les enfants voient en effet en eux des enfants qui leur ressemblent complètement, mais qui sont pourtant incapables de faire les mêmes choses qu’eux.
Les enfants dyspraxiques deviennent alors irritables, agités, ou au contraire inhibés.
LE DIAGNOSTIC DES DYSPRAXIES REPOSE SUR :
- Les remarques de l’entourage familial
- Les observations des enseignants
- Un examen médical et des examens complémentaires pour écarter d’autres diagnostics
LES DIFFÉRENTS BILANS POUR DIAGNOSTIQUER UNE DYSPRAXIE :
- La psychométrie détaillée : elle permet le repérage des compétences et des difficultés de l’enfant.
- Les bilans para-médicaux qui comprennent la psychomotricité, l’ergothérapie, l’orthophonie et l’orthoptie.
Ils permettent d’évaluer les difficultés gestuelles et visuo-spatiales de l’enfant. - L’analyse quantitative pour comprendre comment l’enfant analyse les notions de quantité dans son quotidien. Cette analyse doit toujours prendre en compte la façon de réfléchir de l’enfant.
LES TRAITEMENTS DE LA DYSPRAXIE :
Les rééducations reposent sur plusieurs choses :
- La psychomotricité pour travailler sur le schéma corporel, la latéralisation et la motricité globale.
- L’orthoptie pour travailler sur les stratégies du regard, et l’analyse visuo-spatiale.
- L’ergothérapie pour travailler sur la coordination œil/main, sur la précision des gestes, s’entraîner avec des outils adaptés pour faciliter l’autonomie, et mettre en place des apprentissages de matériels et techniques spécialisés.
- L’orthophonie pour traiter la dyspraxie bucco-faciale, la dyslexie (troubles de la lecture), la dyscalculie (troubles des calculs mentaux et des mathématiques)
Les enfants dyspraxiques doivent suivre ces rééducations en moyenne 3 jours par semaine, de préférence en partie sur le temps scolaire en raison de leur fatigue associée à leurs troubles.
CONSÉQUENCE SUR LA VIE SCOLAIRE DES ENFANTS :
Un projet personnalisé de scolarisation (PPS) doit être demandé à la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) de la commune où vivent les parents de l’enfant concerné.
Ce projet permet d’établir pour l’enfant un accompagnement adapté pour l’aider à suivre ses cours avec du matériel adapté et un/une Auxiliaire de vie scolaire.
Même si l’enfant n’a pas subi de retard scolaire, il peut tout de même bénéficier d’un PPS. Ceci dans le but qu’il n’en n’ait pas justement.
Dans le cas où sa mise en place se ferait attendre, les aménagements peuvent faire l’objet d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) avec le médecin scolaire, les parents et l’enseignant, sous la direction du directeur ou de la directrice de l’école.
CE QUE LES ENSEIGNANTS DOIVENT ÉVITER AVEC UN ENFANT DYSPRAXIQUE :
Il est très important pour les enfants dyspraxiques de ne pas être forcés à redoubler leur classe pour cause « d’immaturité » qui ne leur fera jamais rattraper leur niveau, mais aggravera au contraire leur sentiment d’échec et leurs troubles du comportement.
Ces enfants sont intelligents et s’ils sont forcés de redoubler, ils sentiront un fort sentiment d’injustice par rapport à la quantité d’efforts qu’ils fournissent pour essayer de faire des progrès.
CE QUE LES ENSEIGNANTS ET LES ÉLÈVES PEUVENT FAIRE POUR AIDER :
L’enseignant et les enfants ne doivent pas répéter plusieurs fois les gestes qu’ils font eux-mêmes devant l’enfant dyspraxique en pensant qu’il finira par les intégrer.
Cela aggravera au contraire son stress et ses échecs, et il se sentira vraiment « stupide » devant ses camarades.
L’enseignant et les élèves peuvent aider l’enfant dyspraxique en privilégiant la communication orale plutôt qu’écrite.
Si montrer à l’enfant dyspraxique des modèles visuels ne l’aide pas à comprendre de quoi on lui parle, les enfants ou l’enseignant peuvent lui expliquer plutôt par des mots et des dessins.
Il est très important que les enfants et l’enseignant montrent à l’enfant dyspraxique qu’ils ont compris ses difficultés et que par conséquent ils seront toujours là pour l’accompagner vers la réussite.
Un enfant dyspraxique compris et bien soutenu sera un enfant heureux comme ses camarades.
La règle absolue est donc de toujours lui montrer que ses difficultés ne sont pas de sa faute, mais bien de son trouble qui les lui cause.
L’AVENIR POUR LES ENFANTS ET ADULTES DYSPRAXIQUES :
Si le diagnostic peut se faire le plus tôt possible et que des aménagements scolaires peuvent se faire rapidement, un enfant dyspraxique peut suivre un enseignement presque normalement en contournant ses difficultés et en acceptant en même temps certaines impossibilités.
Il pourra ainsi suivre chaque étape de ses études comme ses camarades et rester épanouis.
À l’âge adulte, les enfants dyspraxiques continueront leur vie en utilisant les outils et les méthodes qui leur permettent de contourner leurs difficultés quotidiennes. Ils ne pourront jamais guérir totalement et doivent apprendre à vivre avec et en atténuant les symptômes : c’est l’essentiel.
Merci beaucoup pour cet article intéressant sur un sujet encore mal connu… J’ai vécu des moments difficiles à l’école à cause de ces problèmes non reconnus durant ma jeunesse.
En tout cas ça fait du bien de pouvoir mettre des noms sur nos problèmes pour mieux les comprendre, les accepter, trouver des stratégies de compensation, et apprendre à nous pardonner de ne pas être « comme tout le monde ».