Cette citation nous vient d’Épictète, un ancien esclave devenu philosophe et qui enseignait le stoïcisme aux hommes pour les aider à atténuer leurs peines et souffrances.
J’avais envie d’écrire un article sur le stoïcisme, cette philosophie puissante de la liberté intérieure, pour deux raisons :
1) Parce que ce fameux adage préfigure les principes fondateurs de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), rien que ça !
2) Parce que même si c’est une philosophie à l’ancienne, le stoïcisme est une philosophie qui m’a beaucoup influencé personnellement et aidé à assembler quelques pièces du puzzle dans mon cheminement vers le Bonheur.
Je vous propose de découvrir le stoïcisme avec la métaphore du jeu de cartes…
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STOÏCISME : UNE PHILOSOPHIE POUR DEVENIR LIBRE ET HEUREUX
Le stoïcisme, c’est une philosophie, une façon globale de voir la vie qui peut nous rendre plus heureux et apaisés face aux tournures tragiques que peut prendre notre vie.
Ce n’est pas un médicament, ni une thérapie, ni une religion, mais une philosophie.
Une philosophie qui aide à changer sa représentation du monde, comme porter de nouvelles lunettes pour voir notre existence sous un autre angle plutôt qu’avec nos yeux habituels.
Le stoïcisme, c’est plusieurs principes de base :
1) Ce n’est pas l’événement en lui-même qui me rend malheureux, mais la représentation que j’ai de cet événement. Il suffit donc juste de travailler sur sa perception de l’événement pour être plus apaisé et heureux.
2) Distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.
3) Atteindre l’apatheia : état psychologique de détachement total qui nous permet d’accueillir toutes choses positivement et sereinement au lieu d’être pris automatiquement par ses angoisses et émotions.
Cela ne vous rappelle rien ? Ce sont les principes de base de la Thérapie Cognitive Comportementale !
Quelque part, on peut dire que nos premiers thérapeutes de l’âme, version T.C.C, étaient les stoïciens : Épictète Sénèque, Marc Aurèle…
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COMPRENDRE ÉPICTÈTE PAR LA MÉTAPHORE DU JEU DE CARTES
Pour comprendre quelques principes de la philosophie d’Épictète, on va utiliser la métaphore du jeu de cartes.
La vie est comme un jeu de cartes : certains individus reçoivent de bonnes cartes, d’autres reçoivent de mauvaises cartes.
Cela ne sert absolument à rien de se plaindre des cartes que nous avons reçues car c’est uniquement le hasard, les aléas de l’ordre naturel, qui ont fait que nous nous retrouvions avec une telle pioche.
Vous n’avez aucun contrôle sur le hasard.
Ce qui ne dépend pas de nous, dit Épictète, il faut l’accepter. Accepter le sort.
Ce qui dépend de nous, au contraire, il faut l’améliorer, agir au mieux selon ce qui nous est possible.
C’est la meilleure attitude, la plus sage, à adopter face aux événements extérieurs négatifs.
Pour gagner une partie de jeux de cartes, ce qui compte, ce ne sont pas tant les cartes, mais ce qu’on en fait avec à travers notre attitude et nos combinaisons personnelles.
Épictète conseille donc d’abord de distinguer ce qui ne dépend pa
Et ce qui dépend de nous et où j’ai un certain contrôle, par exemple : nos fréquentations, nos choix professionnels, notre jugement sur les événements, notre marge de liberté.
Si un membre proche de mon entourage familial est gravement malade, cela ne sert à rien de se morfondre tous les jours, d’en vouloir à la vie. Car c’est le sort qui a décidé ainsi. Et il vaut mieux adopter une attitude stoïque (au sens = être sage).
En revanche, ce qui dépend de moi, c’est qu’en aidant cette personne malade en lui rendant régulièrement visite ou en l’amenant chez le bon médecin, je peux contribuer à améliorer sa vie, voire à la guérir.
De même, si j’ai une personnalité hypersensible ou très introvertie, si je n’accepte pas ces éléments qui constituent ma nature profonde ou que je surveille en permanence l’opinion des autres (= ce qui ne dépend pas de moi), je serai toujours malheureux ou je me sentirai honteux quand je croiserai le regard d’autrui.
Ce qui importe, c’est ce que je peux améliorer (= ce qui dépend de moi) : ma communication sociale, ma capacité à m’affirmer avec les autres, mon réseau de sociabilité, ma situation professionnelle, ma tenue vestimentaire…
Le tout, comme dit l’autre grand stoïcien qui est Marc Aurèle, c’est de vivre en conformité avec la nature universelle.
Effectivement, partout dans le monde, dans toutes les cultures, il y a des codes sociaux universels et nul ne peut y échapper. Exemples : Pour se faire des amis, il faut aller vers les autres, parler et interagir avec eux. Pour se faire une petite copine, un homme doit l’aborder, extérioriser son intérêt, entamer des actions successives pour conquérir son cœur. Bref, il y a des codes comportementaux qui sont programmés par la nature.
Cela fait partie du jeu universel et qu’il faut accepter. Et peu importe où je me situe sur la palette de la psychodiversité au sein de l’espèce humaine (timides, cérébraux, hypersensibles, autistes), même si c’est souvent plus difficile quand on vit avec une différence, cela ne m’empêche pas de trouver le bonheur, un ami ou un partenaire amoureux pour la vie.
« Poursuis droit ton chemin, en te laissant conduire par ta propre nature et la nature universelle : toutes deux suivent une unique voie. », écrivait ainsi Marc Aurèle.
Au final, être heureux, c’est être en harmonie avec sa nature profonde (ma personnalité, mes singularités, mon origine masculine ou féminine) et être en conformité avec la nature universelle, l’ordre naturel des choses qui nous maintient connecté et en mouvement avec les autres, avec le monde.
Ce sont ces deux paramètres qui vont faire en sorte que je vais « me sentir à ma place » dans la société.
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UN MANUEL POUR ÊTRE PLUS HEUREUX ?
En tout cas, c’est cette philosophie inspirée de Marc Aurèle et d’Épictète que j’ai adoptée personnellement et qui me permet aujourd’hui d’être beaucoup plus serein et heureux dans ma vie.
Peut-être qu’elle vous inspirera également ou donnera quelques pistes dans votre propre cheminement vers le bonheur, c’était tout l’intérêt de cet article.
Pour les plus curieux d’entre vous, j’en ai profité pour ajouter en ligne deux nouveaux ebooks en .pdf : le célèbre Manuel d’Épictète et Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle dans la rubrique Ebooks gratuits du blog.
Je vous invite à les consulter, car les deux livres sont écrits en aphorismes, en phrases simples et courtes, faciles à lire. Évidemment, compte tenu de leur ancienneté (c’était il y a 2000 ans !), certains conseils ne sont plus adaptés et difficilement applicables pour notre époque moderne (Épictète prônait un certain ascétisme radical). Mais rien n’interdit de survoler les beaux textes, de s’en imprégner comme lecteur.
Je vais terminer en citant une jolie phrase de l’écrivain Robert Louis Stevenson qui pourrait résumer l’idée de mon article :
« Dans la vie, il ne s’agit pas nécessairement d’avoir un beau jeu, mais de bien jouer de mauvaises cartes. »
Super l’article, merci Sylvain :) J’ai beaucoup appris en compagnie d’Epictète et de son Manuel, je le recommande vivement !
article bien écrit et interessant.
Une de mes citations préférées de Marc Aurele , en rapport avec l’article (accroché sur mon mur) :
« Donnez moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer,
Le courage de changer celles que je peux changer,
et la sagesse de distinguer les premieres des secondes. »
Bel article ! ça donne envie de lire le manuel.
:-)
Très bel article Sylvain tu m’as donné l’envie de m’intéresser à la philosophie du stoïcisme.
PS: tes articles sont toujours très bien écrit et très intéressant .
Merci pour vos réactions, Eva, marie, Wendy et aldatu. :)
Il y a des éléments intéressants dans cette philosophie même si je peux comprendre qu’elle ne parlera pas à tout le monde.
Motee : je ne connaissais pas cette citation de Marc Aurèle et je te remercie sincèrement de l’avoir publié car elle résume bien l’idée centrale de mon article. :)
Une nouvelle fois bravo pour ce nouvel article, encore bien ficelé et agréable à lire. Je vais jeter un oeil à ce manuel d’Epitecte rapidement ;)
Bonjour Sylvain,
Je trouve cet article très intéressant et bien écrit, comme toujours.
Faire la part entre les choses que l’on peut influencer et celles sur lesquelles on n’a pas prise est l’une des bases du bonheur, me semble-t-il, si on arrive à ne plus se morfondre avec celles qui ne sont pas influençables.
Il me semble que c’est relativement « facile » pour des choses qui sont évidentes, comme avoir un nez de travers ou le fait que nos parents nous énervent, mais je trouve très intéressant et moins évident les codes de société dont tu parles : pour se faire une petite amie, il y a des codes à respecter, on n’y peut rien ; et on pourrait étendre ça à d’autres domaines comme « pour faire des présentations qui intéressent », « pour se faire des amis », « pour garder ses amis », etc.
C’est très puissant en effet, je n’y avais jamais pensé sous ce point de vue là. Cela veut dire qu’il ne sert à rien de se morfondre à se dire que ces codes sont ridicules et qu’il en existe certainement d’autres possibles dont personne ne parle, mais qu’il faut s’y adapter lorsque l’on a besoin d’effectuer l’une de ces choses, ou au contraire ne pas s’y adapter et accepter que l’on n’arrivera pas à effectuer cette chose, dans ce cas là…
Et ce raisonnement donne une excellente base aux introvertis pour s’accepter tels qu’ils sont ;-) !
Merci Sylvain pour cet article!
Cette philosophie est vraiment passionnante… Et adopter cette façon de penser change vraiment notre vision de la vie.
C’est bête à dire, mais je me rend compte que, dans mon cas, je prenais le problème à l’envers : essayer de changer les choses qui ne dépendent pas de moi ( ma personnalité, mon passé) et je ne faisais rien pour changer ce qui dépend de moi ( mes fréquentations, mes aptitudes sociales,…) …quelle perte d’énergie !
Merci encore pour l’article, toujours très bien écrit :)
Merci Sylvain.
Toujours passionnant de faire de la philo pratique, bel exercice, réussi ici même si je garde le même questionnement.
Content de voir que tu as jamais eu autant de commentaires en si peu de temps ;)
Comment savoir ce qui relève des cartes que l’on reçoit (inné), que du jeu (acquis) sur lequel on a une influence ?
Cela parait simple mais je trouve que ça ne l’est pas toujours. On arrive à faire la différence avec l’expérience, la sagesse, en apprenant à écouter son intuition ?
Cela me semble fondamental. Je reviens encore et toujours sur l’introversion que tu confonds volontairement avec la timidité. Pour moi la timidité relève du malaise face au jugement des autres. l’introversion d’autre chose. Comme on l’a déjà dit 100 fois, on peut être les deux. On change pas vraiment l’introversion (même si,c’est important de sortir de soi et de ne pas la développer de façon extrême, pour revenir à l’idée d’équilibre dans la personnalité de Jung) mais la timidité, s’il y a bien un truc qui se change et avec lequel on ne naît pas , c’est ça pour moi.
Beaucoup d’introvertis n’aiment pas l’attention et le regard des autres mais on peut tous apprendre à s’en foutre par exemple, et donc ne plus être timide pour schématiser, non ? Qu’en penses-tu ?
Bonjour,
Toutes mes félicitations pour ce site de qualité. Je viens tout juste de le découvrir et j’en suis très heureux…
Cet article est très intéressant. Tous les aspects abordés devraient être connus de chacun d’entre nous…
Nous sommes tous « dirigés » par nos pensées et Epictète l’avait bien compris. Nous les acceptons par automatisme sans même y réfléchir, alors que nous pouvons les contrôler et voir les chose autrement en refusant nos pensées négatives.
Pour les contrôler (mes pensées), j’applique pour ma part une recette simple et à la portée de tous : je suis à l’écoute de mes ressentis… Le ressenti est délivré par notre subconscient qui ne se trompe jamais. Quand je veux savoir si une situation m’est favorable, je fais attention à mon ressenti. S’il est générateur de pensées négatives et que je me sens mal, je prends aussitôt du recul et je suis sur mes gardes…
C’est un vaste sujet très bien amené et très bien structuré qui donne envie de réagir. Merci Sylvain pour le plaisir que cette lecture m’a apporté.
Hervé
Merci pour vos messages, figolu, Cerise, Julien et Hervé. Cela me fait plaisir que mon article vous ait plu. :)
crusta >> Pour te répondre, oui, je pense qu’on arrive à faire la différence avec l’expérience, la maturité, la sagesse.
Ensuite, concernant l’origine de la timidité, les scientifiques font généralement consensus sur un mélange d’inné et d’acquis (on ne renie pas l’impact de l’inné).
Pour moi, comme je l’ai souvent expliqué, la timidité, et encore plus l’anxiété sociale, est un dérèglement physiologique de notre Système d’Alarme Interne (ce qui explique notre vulnérabilité naturelle et automatique au regard des autres).
Mais l’important est qu’on puisse « apprivoiser » ce S.A.I avec le temps, avec des méthodes saines (restructuration cognitive ou exposition progressive). Un peu comme les procédés de désensibilisation dans les allergies.
Et vivre avec tout en n’étant plus gêné dans notre quotidien.
Bref, je ne vois pas le problème, de toute façon inné ou acquis, l’essentiel est que le bonheur est atteignable. Pour le reste, on en parlera en face à face. ;)
Encore un article plein d’enseignements !
On sent vraiment la volonté de partager des connaissances, des clés de bonheur, des idées de lecture….
Ton blog est un OVNI dans la médiocrité généralisée du net…
Mais qui cherche vraiment trouve…. toute personne désireuse de dépasser sa timidité est susceptible d’arriver à te lire !!!!
A+
Le Psychosophe
Merci,
Un excellent article qui rend accessible le principe même de la philosophie et sait l’adapter à notre compréhension et… notre époque.
Bravo
Guylaine