La question est légitime. Si vous êtes un intervenant régulier des forums de discussion sur la timidité ou l’anxiété sociale, vous avez forcément dû croiser un jour ce débat et vous retrancher dans un camp plutôt que l’autre. C’est le débat qui agite bien des esprits. Pour synthétiser, il y a généralement deux camps :
● Il y a ceux qui prônent l’AGIR SUR SOI (autrement dit le développement personnel, le travail sur soi) :
se fixer des buts et des objectifs, entreprendre des actions sur le terrain pour se défaire de certaines peurs, améliorer sa communication avec les autres, etc…
● Il y a ceux qui prônent le NON-AGIR sur soi (non pas au sens de l’inaction ou de la passivité), mais il faut le comprendre comme un état d’esprit :
ne pas se mettre la pression, ne pas se forcer, ne pas se surexposer, réussir avec le minimum de moyens et d’efforts possibles, etc…
DÉVELOPPEMENT PERSONNEL : QUELLE MEILLEURE MÉTHODE ?
Concrètement, est-ce qu’il y a une méthode meilleure que l’autre ? D’un point de vue général, les deux écoles de pensée se valent. Certaines personnes, de par leur parcours de vie, leur fonctionnement, leur sensibilité, préféreront tantôt la première méthode, tantôt la seconde méthode. C’est normal. De tout temps, les sciences humaines autour du développement personnel ont toujours débattu pour savoir laquelle de ces deux méthodes était la meilleure pour un individu en quête de bonheur. En réalité, je pense que tout est une question du profil de la personne.
Je vois très régulièrement ce débat revenir sur les forums en divisant les participants. Ces discours, vous les avez sans doute déjà entendus à plusieurs reprises : « Si tu veux te débarrasser de tes peurs, il faut aller à l’action, sortir de ta zone de confort. » ou bien alors « Ça ne sert à rien de se forcer, de se surexposer, car ça ne fera que s’empirer. » Chaque intervenant ramène son expérience personnelle et explique pourquoi telle méthode a été plus bénéfique pour lui. Mais il y a une chose dont on ne parle jamais : le niveau de timidité de la personne.
C’est pourtant évident : une personne non-timide ou avec un niveau de timidité acceptable a beaucoup plus de chances de s’épanouir dans la vie, de s’en sortir en fournissant le moins d’efforts possibles. Comme je le dis souvent, les gens timides ne partent pas tous égaux : certains souffrent de timidité maladive, d’autres de timidité ponctuelle dans certaines situations seulement. Certains sont de grands timides mais avec des moyens de résilience favorables (soutien familial, ressources matérielles ou environnement social stimulant), d’autres sont des timides moyens avec une situation ou un environnement peu favorable (aucune activité sociale ou aucun soutien extérieur).
DE L’EFFORT VOULU AU LÂCHER-PRISE
J’ai parfois l’impression que le mot « effort » est devenu un mot tabou dans la bouche de beaucoup de personnes timides, un mot qui résonne douloureusement à l’intérieur parce qu’il place notre ego en face d’une réalité difficile à accepter, celle de devoir de faire des efforts, de prendre des risques, pour espérer une situation plus confortable à long terme.
Or rappelons que le problème de la personne timide, c’est que justement :
- Elle a un S.A.I plus réactif et élevé que la moyenne des gens, d’où les réactions d’anxiété qui se déclenchent plus facilement et régulièrement.
- Un ensemble d’aptitudes instinctives sociales non-acquises par manque d’expérience : faire la conversation, interagir avec les autres, regarder les gens dans les yeux…
Pour moi, le travail sur soi du timide peut être comparé à celui d’une personne dyslexique. Il faut faire au début des efforts réguliers pour dompter ses problèmes d’écriture. À force de travail, d’assiduité, les résultats se ressentiront progressivement. Cela n’égalera sans doute jamais le naturel, l’aisance d’une personne non-dyslexique, mais le plaisir d’écrire finira par surgir et se substituer aux complexes de départ. Je parle évidemment en connaissance de cause. C’est pareil pour la personne très timide : aller vers les autres, ce ne sera sans doute pas naturel au départ. Mais en le faisant sainement et progressivement, en se forçant de temps à autre, on peut découvrir finalement que : 1) Certaines personnes sont intéressantes et on a envie de discuter avec elles pour mieux les connaître. 2) Ce n’était pas si dur d’aller vers des inconnus. 3) Les récompenses sont si grandes et agréables que les efforts en valaient la peine.
LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL : LES AVANTAGES
- À mieux me connaître, à cerner les différentes facettes de ma personnalité.
- À développer un esprit plus « flexible », à savoir relativiser les choses en permanence.
- À prendre conscience qu’à toute situation difficile, il y a une solution.
- À diminuer progressivement ma timidité : de l’anxiété sociale/phobie sociale à une « timidité acceptable ».
- À résoudre mes problèmes de dyslexie et à trouver aujourd’hui le plaisir d’écrire.
- À ne pas reposer uniquement tous mes espoirs de guérison sur les consultations, les médicaments.
Pour finir, je vais parler des principaux arguments des opposants au développement personnel. Parmi lesquels, citons :
- L’entraînement par séries d’exercices peut faire dévier la personne de ses objectifs initiaux : l’entraînement devient un but et non plus un moyen pour s’en sortir.
- Les rencontres, les sorties, ne sont plus des prétextes pour prendre du plaisir avec les autres, mais pour accomplir des objectifs personnels.
Ces arguments sont tout à fait légitimes et c’est bien de les avoir toujours dans un coin de la tête. J’ai envie de dire que comme pour tout, c’est une question de dosage, de prise de conscience. Il y a une différence entre « exposition saine et graduelle » pour déconditionner une angoisse irrationnelle et « surexposition » quand la personne subit les évènements. Il s’agit de trouver un juste milieu, d’être lucide sur sa situation, d’évaluer la nécessité ou non de s’engager sur tels moyens pour parvenir à une situation de mieux-être à long terme. En conclusion, faire appel à son bon sens.
bon article,
comme en toute chose, il faut trouver la juste mesure,
ne pas tomber dans les excès.
Limite le développement personnel devrait être une discipline scolaire !!
proposée à tous.
(quoique si c’était imposée, ça n’aurait pas le même impact que de s’y intéresser par soi même)
Merci pour l’article tiré de la synthese de tes rencontres et le fruit de ta riche experience.
Merci pour vos messages, marie et tryndamere. :)
bon article
Salut, je trouve l’article intéressant aussi, moi-même ayant pour habitude d’expérimenter des moments d’anxiété sociale, anticipation, gros stress, etc. Je suis ravi de voir qu’il existe des sites de dév. perso adaptés aux timides, ou aux grands timides, en tout cas tous ceux qui ont des blocages plus gênant que la plupart des gens…
Perso j’étais un grand timide depuis toujours mais depuis 5 ans, c’est pire, j’essaye de trouver des solutions, psychologue, psychothérapeutes, psychiatres, sites sur internet, … Mais c’est dur car je n’ai pas vraiment trouvé de solution concrète contre ce que j’ai, surtout que j’ai l’impression que mon cas est un peu délicat à traiter… Mais bon je perds pas espoir et je cherche encore, surtout du côté comportementaliste en ce moment.
Salut
Merci pour le commentaire, Paul.
N’hésitez pas à repasser de temps en temps sur le blog car de nouveaux outils seront progressivement ajoutés.
Et si vous trouvez des solutions concrètes, des pistes intéressantes contre la « timidité lourde », n’hésitez pas à les partager avec la communauté des timides et de ceux qui galèrent. ;-)
Bonne recherche à vous.
Amicalement.
Excellent article!
Merci pour le partage