Il y a bientôt dix ans, j’avais créé avec beaucoup d’émotion et de fierté mes deux premiers journaux de bord que j’avais eu l’idée originale d’intituler : « TCC Emploi » et « TCC Drague », l’un pour surmonter ma phobie des entretiens d’embauche, l’autre pour vaincre ma timidité amoureuse. À cette époque, j’avais 26 ans. Je craignais pour mon avenir. J’avais honte de ma situation : pas de job, pas de diplômes à part un bac, pas de copines, dépendant financièrement de ma mère. Le problème, c’est que je passais mes journées devant l’ordinateur : vérifier toutes les minutes si je recevais un mail, discuter sur Skype ou attendre désespérément que quelqu’un se connecte.
J’avais des objectifs dans la vie : m’en sortir. Mais je n’arrivais jamais à me motiver, à respecter mes engagements. Puis j’ai eu un déclic : tout le temps que je passais sur Internet, pourquoi je ne m’en servirais pas comme un levier d’action pour créer une nouvelle dynamique ? Comme si je retournais le poison d’Internet en un remède pour le changement ! C’est alors que j’ai eu l’idée de créer mon premier journal de bord où je racontais aux internautes mes aventures, mes objectifs, les actions que j’entreprendrais pour devenir plus libre et heureux. Rapidement, je vais comprendre tous les bénéfices à tirer de cet outil extraordinaire qu’est le journal de bord.
La suite… vous la connaissez pour ceux qui ont suivi mon parcours ou qui ont lu ma présentation. Je ne vais pas y revenir en détails. ;-) L’idée que je veux exprimer simplement à travers cet article, c’est qu’il suffit parfois de pas grand chose pour insuffler une nouvelle dynamique à sa vie. Il existe un outil gratuit, interactif, motivant, qu’est le journal de bord à condition de bien savoir s’en servir et de le tenir à jour régulièrement.
CRÉER SON JOURNAL DE BORD : LES GROS AVANTAGES
Il y a le format classique du journal intime où l’on raconte sa vie, ses états d’âmes, ses oscillations de pensée au quotidien. Mais il y a aussi le journal de bord, de combat, où l’on retrace notre itinéraire personnel et échafaude un plan d’action pour parvenir à atteindre nos objectifs de vie. Ou mieux, on peut mélanger les deux genres, c’est ce que je conseille.
On peut créer son journal dans un carnet de notes, sur un blog, sur un forum de discussion. Dans cet article, c’est le journal de bord sur un forum de discussion qui va nous intéresser. ;-) En effet, si vous voulez avoir à coup sûr des lecteurs, il vaut mieux tenter l’expérience sur un forum de discussion déjà fréquenté. Ou si vous préférez la solution de la discrétion, optez dans ce cas pour un blog privé. À vous de voir ce que vous préférez.
Je vais énoncer tous les avantages que j’ai rencontrés à travers mon expérience et vous vous ferez votre avis vous-même :
- Écrire un journal de bord, c’est stimulant.
- Ça fait un bien fou de se lâcher, de parler de soi, d’extérioriser ses états d’âme. C’est thérapeutique.
- Ça permet de faire un point avec soi-même, de faire le tri dans ses idées, de voir plus clair dans ses objectifs de vie.
- On interagit avec les autres internautes avec ce sentiment agréable que l’on s’intéresse à votre journal, à vous.
- C’est aussi un exercice d’exposition : on s’expose aux autres, notre journal est soumis au jugement des autres.
Qu’est-ce que j’avais pu également constater pour ma part ?
- Que je ne me connectais plus sur Internet uniquement pour discuter en ligne, pour me plaindre de mon mal-être comme ça l’a été longtemps pour moi, mais pour tenir à jour régulièrement mon journal de bord et fixer mes objectifs de vie. C’était ma nouvelle occupation.
- Il y a eu un impact dans ma vie réelle dans le sens où les engagements que je prenais par écrit étaient tenus plus facilement. Le fait d’écrire ses objectifs, de les exprimer en plus en public, je ne les oubliais pas.
- Beaucoup de retours positifs. Les internautes que je rencontrais m’en parlaient. Ça créé plus facilement des sujets de conversation auxquels on ne s’attendait pas, surtout lorsqu’on est de caractère réservé.
- N’ayez pas peur que vos journaux ne soient pas lus. Si c’est soigné, bien écrit, sincère, le journal sera lu. Les internautes apprécient lire un récit dans lequel ils peuvent s’identifier.
CRÉER SON JOURNAL DE BORD : SOIGNER LE FOND
La première question à laquelle tout internaute doit se poser avant de créer son journal, c’est « Pourquoi je veux créer un journal ? » L’écrivain Jules Renard écrivait à propos de la vocation du journal :
Il faut que notre journal ne soit pas seulement un bavardage comme l’est trop souvent celui des Goncourt. Il faut qu’il nous serve à former notre caractère, à le rectifier sans cesse, à le remettre droit.
Si l’on a décidé de créer un journal intime pour raconter uniquement ses états d’âme, alors on se borne à les raconter avec le plaisir et la légèreté qui vont avec. Au contraire, si l’on veut créer un journal de bord dans le but de se motiver à se sortir d’une situation personnelle difficile, alors il faut être cohérent avec le fond de sa démarche. Plusieurs remarques :
- Très souvent, beaucoup d’internautes qui ont créé leur journal de bord n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs… tout simplement parce qu’ils n’ont pas parlé de leurs objectifs dans ce fameux journal ! Comme disait Sun Tzu, « Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre. »
- Fixez-vous régulièrement des objectifs clairs, mesurables, raisonnables.
- Décomposez ces objectifs en sous-objectifs. Il est évident que si vous voulez vaincre votre timidité amoureuse ou sociale, il ne suffit pas de dire : « Mon objectif est de guérir. »
Mais d’énumérer les sous-objectifs et les solutions possibles qui vont vous permettre d’apprivoiser cette timidité, comme par exemple : s’inscrire à un club de théâtre, expérimenter les sorties OVS, faire une TCC ou prendre des cours de méditation.
J’insiste vraiment sur ce dernier point car vous aurez beaucoup plus de résultats positifs en énumérant ces sous-objectifs que d’écrire un objectif trop général.
Pour prendre exemple sur ma TCC Emploi que j’avais créé à l’époque pour vaincre ma peur des entretiens d’embauche…
L’objectif général était : trouver un emploi.
Les obstacles principaux étaient : grande anxiété aux entretiens d’embauche (phobie sociale, tremblements, sueurs), pas de diplômes qualifiants, nombreux trous dans le CV à cause des longues périodes de chômage.
Du coup, les sous-objectifs et solutions possibles étaient :
– Exercices d’exposition sur le terrain (salons d’emplois et de recrutement en région parisienne), désensibilisation, déconditionnement progressif de ma phobie des entretiens d’embauche.
– Rencontrer des spécialistes dans les salons d’emploi pour voir comment optimiser son CV et obtenir des avis sur ses lettres de motivation.
– Dire « Oui » à tous les entretiens d’embauche même ceux qui me faisaient peur ou dont les postes ne m’intéressaient pas forcément juste pour le principe (j’avais ainsi passé des entretiens pour être commercial, animateur, assistant marketing, serveur à Buffalo Grill… !)
Cette TCC Emploi avait duré environ deux mois et je m’étais même pris au jeu. Je me souviens que mon journal était suivi par nombreux lecteurs qui m’encourageaient dans ma démarche. L’exercice était même devenu une source de plaisir à ma grande surprise. Je me battais au quotidien dans la vie réelle et le soir, je rentrais tout excité, puis je me connectais à Internet pour raconter à mes compagnons de galère mes aventures et péripéties. Petit à petit, les symptômes physiques liés à mes tremblements avaient disparu et j’avais finalement trouvé un poste d’assistant pédagogique dans l’Education Nationale après plusieurs années sans activité professionnelle.
CRÉER SON JOURNAL DE BORD : ET SOIGNER LA FORME !
Pour qu’un journal soit lu et apprécié, je conseille quand même de soigner la forme. Cela ne prend que quelques minutes et c’est une marque de respect vis-à-vis de ses lecteurs.
Les conseils que je donnerais au niveau de la forme :
- Donner un titre à votre journal : « Journal d’un timide. », « Carnet de bord d’une étudiante. », « En quête du bonheur. », etc… ;-)
- Éviter les gros blocs de textes uniformes : cela peut devenir vite lassant au lecteur. Aérer, sauter de temps en temps des lignes, mettre en gras les titres ou sous-titres, soigner votre orthographe.
- À chaque épisode, je conseille de numéroter ou de donner un titre. Par exemple, pour ma TCC Drague, j’écrivais « Episode 1 : ma première sortie OVS en groupe », « Episode 2 : j’ai réussi à aborder une fille. », etc… Non seulement c’est plus clair, mais de plus, ceux qui n’avaient pas suivi les précédents épisodes pouvaient plus facilement rattraper le cours du journal.
Voilà, ce sont des trucs basiques qui prennent juste quelques minutes à faire et qui feront une différence auprès de vos lecteurs et de votre motivation personnelle.
CRÉER SON JOURNAL DE BORD EN LIGNE : EXEMPLES CONCRETS
Comme d’habitude, je vais m’efforcer de donner des exemples concrets, des témoignages parlants.
Pour les questions de fond et de forme, vous pouvez vous inspirer des journaux de bord déjà existants sur le blog via la rubrique Interviews ou notre Forum de discussion. J’ai choisi les meilleurs :
> Journal d’Argon : À la conquête du bonheur amoureux !
> Journal : les 5 travaux de Alex
En guise de conclusion, je suis allé récolter le témoignage de Longtime, un internaute et habitué du forum phobiesociale.org. Son témoignage m’a intéressé parce que d’une part, il est inscrit sur le forum depuis six années, qu’il vit une situation pas très joyeuse au quotidien (toujours célibataire à 30 ans, habite chez ses parents et les problèmes de phobie sociale qui entourent sa vie), et il a enfin décidé de se bouger et de prendre son destin en main. En effet, il a créé un journal de bord pour s’auto-motiver. Il me livre pour cet article ses premières impressions. Voici ses propos :
Un journal de bord, c’est un peu un contrat qu’on passe avec soi même et avec ceux qui vous lisent, c’est stimulant et ça donne envie de se lancer des défis. Je viens de commencer à écrire, et je n’ai donc pas le recul nécessaire pour voir un changement, mais malgré tout, j’ai l’impression d’avoir découvert un outil très puissant, et lorsque je surmonte un obstacle dans la vie de tous les jours et que je le grave noir sur blanc, je sais qu’un jour ou l’autre c’est cette trace qui fera la différence car j’aurai le souvenir d’avoir déjà surmonté ce genre de situation.
Il ajoute :
Cet espace me permet de faire tomber mon armure parce que je sais que je peux choisir de rester anonyme, et quand je reçois un retour positif, je suis d’autant plus touché que cette personne a réagi à des mots qui viennent de ce que je suis vraiment. Je me sens moins seul dans mon combat et ça me donne envie de remercier ceux qui me suivent en leur montrant qu’on peut s’en sortir.
Au final, tout outil concret qui permet de faire passer du statique au dynamique, du mode « Je ne fais rien de ma journée et j’attends » à « J’accomplis quelques ou plusieurs actions positives » mérite d’être expérimenté. Et incontestablement, le journal de bord fait partie de cette catégorie d’outils.
Très bon article comme d’habitude ! ;-)
J’aime beaucoup les propos de Longtime, il résume très bien toute la quintessence d’un journal.
De même que l’article énonce très bien les bienfaits du journal.
Avant que je n’ouvre le miens j’avais plus ou moins quelques idées de ce que j’attendais de la vie, mais tout ça restait imprécis, très diffus dans mon esprit.
Le fait de les écrire, de les préciser, m’a fait voir ces objectifs non plus comme des choses que je ferai, mais comme des choses que je VAIS faire. Une nuance fondamentale.
En écrivant mon journal, j’écris mon futur. C’est une expérience très agréable, c’est un peu comme partir à l’aventure de sa propre histoire, être son propre héros ; son propre modèle :-)
D’ailleurs, il aurait autant mérité d’avoir une place dans cet article tant tu vises juste.
Ta dernière remarque « comme partir à l’aventure de sa propre histoire, être son propre héros » me parle… fait resurgir de vieux souvenirs. :-)
Ah génial :-) j’adhère.
Intéressant ! En effet, c’est une pratique qui ne date pas d’hier. Aujourd’hui tenir un blog est un peu comme un journal d’une certaine façon. Cela prends du temps néanmoins, mais l’écriture a de nombreux bienfaits dans notre cheminement.
A bientôt
Bel article, il y a BMV Journal aussi qui est plus pro et plus sympa que celui-ci,ça m’a beaucoup aidé.
C’est juste mon avis hein