Par exemple, la dernière fois, une collègue de travail m’avait demandé si j’avais reçu son email dans lequel elle m’avait proposé une invitation à un pot chez elle. Et là, sans raison apparente, je m’étais mis à bafouiller quelque chose du genre : « Oui, j’ai bien reçu. D’ailleurs, je te remercie beaucoup beaucoup. » et … il y a eu un gros blanc. Mon regard qui devenait fuyant, mon visage qui se décomposait, si bien que ma collègue souriait à ma réaction aussi étrange qu’inattendue. C’est ce qu’on appelle un « grand moment de solitude » !
Le problème, c’est lorsque vous êtes amené à revoir régulièrement ces personnes. Vous ne pouvez plus revenir en arrière évidemment. Comment sauver la face après un sentiment de ridicule ? Comment rattraper le coup ? Comment retourner une situation désespérée à son avantage ? Dans cet article, je vais vous raconter plusieurs expériences personnelles vécues et les techniques que j’ai employées à chaque fois pour sortir de ces impasses.
LEÇON N°1 : AVEC LE RECUL, CE QUE J’AI COMPRIS
« À te regarder, ils s’habitueront. » – (Citation de René Char)
Quand vous êtes une personne anxieuse, les moments de malaise sont parfois inéluctables dans la vie. Ce que mon expérience de la vie m’a appris, c’est que cela ne sert à rien de jouer un personnage qui ne nous ressemble pas. Les gens se feront très vite une image de vous, s’habitueront, se fixeront sur cette image de vous.
En gros, il n’y a pas lieu de paniquer quand on a des moments de malaise, de « panne » dans notre comportement (regard fuyant, rougissement, tremblement, silence), car les gens apprendront à vous connaître à votre contact et n’iront généralement pas chercher à en savoir plus.
Il peut m’arriver d’être ridicule aux yeux des autres, mais moi, je n’ai plus le sentiment du ridicule. Voilà la différence, l’état d’esprit que j’ai adopté. Le ridicule, les maladresses, les pannes sont des choses qui peuvent arriver dans la vie : je les accepte.
En ce qui me concerne, tous ces moments d’incongruité, de malaise, où je « perds la face » au contact des autres,
AVANT, je me disais en ruminant inlassablement ces pensées : « J’ai été ridicule. La honte ! Je m’en veux tellement. »
AUJOURD’HUI, je me dis simplement : « Tant pis. Ça s’est passé. Je ferai mieux la prochaine fois. »
EXEMPLE CONCRET : Il m’est souvent arrivé de bégayer (plus à cause de problèmes de dyslexie que de timidité), de parler très laborieusement pour trouver mes mots, peu de gens peuvent imaginer combien ce fut un énorme complexe chez moi. Quand cette situation arrivait dans les conversations, mes interlocuteurs fronçaient pendant quelques secondes les sourcils, ne voyant pas où je voulais en venir avec mes phrases. J’avais beau me battre intérieurement, mais à l’extérieur, les gens ne devinaient pas l’ampleur de mes difficultés. Ils ne vont pas se focaliser sur les moments de malaise, de trébuchement. Plus vous vous concentrez sur ces blocages, plus cela se verra. Moins vous y prêterez attention, moins cela se verra. Avec le temps, les gens s’habituent à votre manière d’être, de parler, de se comporter.
> Depuis ce « déclic », je me préoccupe moins du regard des autres. J’agis comme je parle et c’est à eux de s’y adapter.
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LEÇON N°2 : AVEC LE RECUL, CE QUE J’AI COMPRIS
« Le sentiment de malaise est universel, il est le lot de tous les êtres humains forts ou fragiles. »
Les patrons, les personnalités politiques, les artistes, les célébrités ont tous déjà été en proie à des sentiments de malaise, où ils se sont retrouvés à un état proche du ridicule, de l’humiliation.
Vous avez beau être timide ou être décalé par rapport aux autres, je suis sûr que sur votre lieu de travail ou parmi vos connaissances, vous avez souvent rencontré des gens plus maladroits encore que vous, avec une attitude étrange ou avec des tics très prononcés. Exemple : l’employé qui ne parle pas beaucoup, le patron dont les yeux louchent souvent, etc…
Et pourtant, force est de constater : vous n’avez jamais vraiment prêté attention à son comportement. Au pire des cas, vous « zappez » cette personne et vous vous tournez vers vos occupations du moment, vers les gens qui sont en train d’interagir avec vous.
Dites-vous bien que c’est ce qui se passe dans la tête de 95 % des gens. C’est pourquoi il n’y a pas lieu de stresser en permanence sous prétexte que votre attitude ne correspond pas aux normes de la société ou que vous êtes victime de moments de malaise.
EXEMPLE CONCRET : À la fac ou au travail, ayant été confronté à la phobie sociale, j’ai eu souvent affaire à des moments de grand malaise que ce soit lorsqu’il s’agissait d’interagir avec les autres, de prendre la parole en public ou de parler de moi. Le problème, c’est que par peur de revivre les sentiments de malaise, j’évitais carrément toutes ces situations sociales. C’est là le piège.
> Depuis que j’ai accepté que je pouvais avoir de temps en temps des moments de trébuchement, de rougissement ou de regard fuyant, je n’ai plus peur d’affronter le sentiment de malaise. Car je ne peux pas systématiquement renvoyer une image publique positive. J’accepte mes imperfections. De plus, les gens n’y prêteront attention que durant quelques mini-secondes et zapperont ensuite. Enfin, eux-mêmes ne sont pas à l’abri de moments de défaillance, de malaise.
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LEÇON N°3 : AVEC LE RECUL, CE QUE J’AI COMPRIS
« L’humour : l’antidote le plus efficace contre le malaise. »
Dans vos rencontres, il peut toujours surgir des moments d’embarras. Imaginez que vous ratez une prestation (un blanc dans la conversation, un regard fuyant, un moment d’inattention), il y a toujours des solutions pour rattraper le coup par un effort de figuration : l’assurance, le tact, la diplomatie, l’humour.
Tentez quelque chose, même si cela risque d’être maladroit, car c’est lorsque vous ne faites rien pour remédier à cette chute que le malaise s’installera définitivement entre votre interlocuteur et vous-même.
C’est bien connu : l’humour est la meilleure arme pour se sortir des moments d’embarras, de gêne. Il répand une ambiance positive et aide à expulser tout sentiment de malaise. Si vous êtes une personne maladroite et que vous avez de l’humour, on vous pardonnera toujours vos moments de chute, car votre attitude sera associée positivement au tact, à l’ouverture d’esprit.
EXEMPLE CONCRET : Dans les conversations en groupe, il y a parfois des moments où je suis embarrassé parce que je n’arrive pas du tout à me mêler aux sujets de discussion. Dans ces cas-là, je rétorque avec humour, quelque chose de ce genre : « Le foot, ce n’est pas trop pour moi, mais je suis votre discussion avec intérêt ! Je prends des notes ! ;-) »
Par ailleurs, dans la vie quotidienne, notamment au travail, on me colle tellement l’étiquette de « personne réservée », voire asociale ou coincée, que j’assume de plus en plus le fait d’être « timide ». Et je le dis toujours avec un grand sourire, empreint d’assurance et d’humour : « Oui, je sais que je ne me lâche jamais. Je suis un timide ! Je ne peux pas me transformer en un extraverti d’un coup ! ;-) » Quand c’est dit avec le ton léger, ça suscite toujours des retours agréables, amusés.
LEÇON N°4 : AVEC LE RECUL, CE QUE J’AI COMPRIS
« Ce que l’on a cru un temps de vous ne l’est plus à partir du moment où vous les surprendrez. »
Une perception d’autrui n’est jamais statique, fixe, définitive. Elle est dynamique : c’est-à-dire susceptible d’évoluer, de se transformer. Et la nouvelle perception remplace l’ancienne. Si une personne a une perception négative à votre sujet, à tout moment, cette perception peut se transformer en une nouvelle grille de perception positive si vous savez vous y prendre.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Vous avez beau traîné depuis un certain temps l’image de la personne coincée, fermée, rigide, mais le jour où vous surprendrez les autres par votre nouvelle manière d’être, leur perception se trouvera bouleversée, modifiée, de manière positive.
EXEMPLE CONCRET : Une fois, j’avais été à une sortie en groupe (un pique-nique) qui s’était très mal passée : j’étais la personne la plus mal à l’aise du groupe. Pour cause, j’étais le moins bavard. Je n’arrivais jamais à intégrer les conversations sans compter que j’avais souvent des moments d’absence. Mon attitude faisait presque pitié à voir tant j’étais mal à l’aise, entre les bégaiements et mon attitude très crispée. Je baissais ma tête et pendant un moment, je ne regardais plus les autres. Je suis sûr que ce jour-là, certains gens se sont même dit intérieurement : « Ce n’est pas possible. Il va devenir un psychopathe lui un jour tant il est fermé et asocial. »
> Cette sortie m’avait traumatisé à l’époque. Pourtant, quelques mois plus tard, j’avais accepté de refaire une nouvelle sortie avec quelques personnes de ce groupe. Ce jour-là, j’étais en meilleure forme : j’étais l’organisateur de la sortie, j’animais les discussions et j’allais vers les autres. Je souriais, je faisais marcher mon empathie. J’avais de la présence.
Une personne du groupe qui m’avait déjà rencontré a dit ce jour-là, avec un regard admiratif et intrigué : « Étonnant. Tu as l’air beaucoup plus à l’aise que lors de la dernière fois. Ça fait plaisir à voir. Je te croyais beaucoup plus timide que ça. »
COMMENT SAUVER LA FACE : À RETENIR
Pour récapituler, si je dois affronter une situation sociale où il y a des risques pour moi de « perdre la face » avec des moments de malaise, qu’est-ce que je me dis pour aller au-delà de ces obstacles, pour m’exposer sereinement à l’exercice périlleux du jugement des autres ?
- À me regarder, soit ils s’habitueront… soit ils s’adapteront à ce que je suis.
- Le malaise est un état naturel. Si je tremble, je tremblerai. Si je rougis, je rougirai.
- Les gens zappent rapidement nos moments de trébuchement, de défaillance, d’embarras.
- Si ça ne marche pas, je ferai mieux la prochaine fois.
- Je peux toujours sauver la face avec un effort de figuration : l’humour, l’assurance, la diplomatie, etc…
- La victoire existe même après une humiliation et elle est parfois plus belle encore.
- Rien ne se perd… Tout se transforme ! Il suffit parfois de savoir surprendre pour sauver la face.
intéressant et bien écrit
….. comme d’habitude ! ;-)
Comme toujours, analyse approfondie et judicieux conseils.
En cas de perte de face, je viendrai relire cet article.
Merci pour vos commentaires, marie et Majero. ;-)
N’hésitez pas les autres à me faire des retours, ça me permettrait d’avoir des « feed-back » d’autant que le blog semble attirer de plus en plus de visites… de lecteurs toutefois fidèles à leur timidité. ;-)
C’est vrai, dans 95% des cas, les gens oublient le moment où l’on s’est retrouvé dans un moment de « solitude », ils passent à autre chose. Pour preuve je ne me souviens pas des humiliations publiques des gens, je me rappelle de quelques évènements mais même pas à qui c’est arrivé! Ça doit être la même pour les gens. Puis ouai, la perception des gens à notre sujet peut changer, je l’oublie souvent.
Bonjour
Très belle écriture et bons conseils.
Cdt
Bonjour
Je viens de decouvrir ce site et j’ai l’impression d’y voir ma photo. Je suis moi meme quelqu’un de très timide. Toutes les situations où je dois etre amené à m’exprimer et principalement en public sont proscrites. Recemment, j’ai du fuir un programme de Leadership financé par mon entreprise, car je sais que je ne pourrai jamais présenter le projet que je suis censé presenté à la fin de la formation qui s’étale sur 4 modules. J’en etais au 3ème module! Plus que l’enfer, cette chose me detruit. Le pire est que je n’ose meme pas en parler avec qui que ce soit. Il n’est pas rare qu’en pleine reunion, pendant que tout le monde à chaud, moi je me plains du froid du clim car mes pieds tremblent sous la table. Et inversement, quand tout le monde a froid dans une salle, moi je transpire et deviens fade comme on ne pourrait l’imaginer. Ma vie est entièrement gachée. Pourtant, je ne suis pas du tout bête. Et meme, dans mon entreprise, je suis pressentie pour devenir l’un des leaders dans quelques années. Mais à 36 ans, je me sens foutou. J’essaie plusieurs fois de me persuader que je peux, mais malheureusement la réalité me rattrape toujours. Parfois, je me demande pourquoi c’est tombé sur moi. Ou puis je SVP trouver de l’aide ? Est il possible que je puisses guerrir de cette maladie ? C’est quoi d’ailleurs son nom à cette maladie ? :( Merci de votre temps de lecture de mon desarroi.
Makaveli, si tu passes par là : il s’agit de phobie sociale (j’en souffre aussi). Tu peux lire pas mal de livres sur ce sujet, notamment du Dr Christophe André, et suivre une TCC (Thérapie comportementale et cognitive) par un psychiatre ou un psychologue qui la pratique.
Bonjour,
Cet article est vraiment fait pour moi. Je suis de nature très asociale, mais qui essaie tant bien que mal de combattre cela en allant vers les autres. Je connais depuis toujours ces moments de solitude. A certain moment, une personne a fait de ma vie un enfer, quand il s’est aperçu de cet handicap. Toutefois, me voici et je continue à me battre par l’humour et la diplomatie.
En tout cas, très bon article :)
Très intéressant cet article.
Je me sens assez concerné, c’est ce genre de situations, de malaises que j’ai déjà pu vivre. Et au quotidien c’est dans mon travail que cela peut se passer. Donc un peu de stress avant d’y aller mais je gère de plus en plus et les dernières petites phrases de l’article peuvent carrément nous aider à relativiser. ;)
Bonsoir,
Il y’a qq minutes, je viens de vivre qqchose que j’ai pris comme une humiliation….
J’écoutais ma station de radio préférée, j’entendais un intervenant donner des informations très sensibles, j’ai pensé en mon for intérieur que cet intervenant se mettait qqpart en danger car il s’attaquait à la foi à des politiciens encore aux affaires mais plus dangereux encore, à de puissants lobbys économiques. J’ai sincèrement cru qu’il se mettait ainsi en danger, j’ai donc appelé le propriétaire de la radio et en même temps animateur de l’émission. Il m’a proposé de passer à l’antenne, j’ai décliné et je lui ai fais part de mon inquiétude et je lui gentiment dit de conseiller à l’intervenant de ne pas décliner son identité pour ne pas mettre sa vie en danger. Il m’avait semblé être réceptif, j’en ai profité pour le remercier le féliciter pour la qualité des débats etc. Je raccroche. L’émission suit son court et bam ! Avant le générique de clôture il balance un diatribe virulent sur « ceux qui l’appellent pour lui dicter des messages »… Il hurlait presque. Il criait violemment en disant qu’il n’est le porte-parole de personne, qu’il ne fallait pas compter sur lui pour faire des manipulations, que c’était inutile de lui faire des compliments car il n’a pas besoin de cela. Il vociférait avec une violence inouïe…. Ça a été une violente diarrhée verbale de qq longues minutes. Et il a conclu son attaque par un « à bon entendeuSE salut ! »
Et une menace en disant, si les gens refont ça je leur referais la même chose. Je suis effondrée, c’était tellement inattendue et décalée par rapport à la manière dont il m’a parlé juste avant. Je suis choquée, entre tristesse et déception…. Je n’ai jamais imaginé qu’un coup de fil partant de bons sentiments débouche sur une accusation de tentative de manipulation ou de corruption de sa ligne éditoriale….. Je vous épargne des accusations à la limite du sordide qu’il a faite, des comparaisons avec un scandale médiatique qui a eu lieu il y’a 3 ans, etc. Bref, je suis ébaubie, je ne me sens pas bien. J’ai dans la bouche un goût métallique et ce genre de symptômes ne m’arrive que quand je suis très perturbée.
Je n’arrive pas à digérer la pluie d’acide et je me sens humiliée.
Que faire ???
je découvre le dernier mail écrit par Bénim et je lui conseille tout simplement de changer de radio! Il y en a deux pour moi de convenable où ça ne vocifère pas et ça parle intelligemment c’est france Inter et France Culture.
Normal de se sentir mal, agressé, tout est d’une telle violence…
Merci bcp pour cette vision positive du regard de soi, pour soi et pour les autres.
Dans tout acte l’on peut distinguer deux éléments fondamentaux: le geste et la chose elle-même; cette chose qui, en interaction avec notre personne donne naissance à ce qu’on appelle acte.
La honte ou tout autre sentiment d’humiliation résulte du manque d’art du geste en question. C’est ainsi que pour danser( geste corporel et musique ), si on manque le geste ( le rythme corporel) la honte s’impose. Ne pas savoir réagir adéquatement à une situation nous met dans une situation ambarassante. Toute situation n’est stable dans le temps, par conséquent génère des situations dérivées qui nous laisse ( une échappatoire ) ou une 2nde chance pour se rattraper. C’est ainsi que le manque de contrôle peut conduire à la honteévitons de nous morfondre sur des situations antérieures si celles-ci peuvent générer dans la suite contextuelle des situations dérivées.
Les humiliations s’oublient par la victoire.
Personne ne peut mieux s’affirmer que celui-là qui reconnaît et exerce dans son domaine de compétence; C’est la clé de la *confiance en soi*
Merci pour ces conseils!
Merci! Bonjour on doit réagir comment quand une personne vous fait la remarque devant d’autres gens … par exemple, je suis rentré dans un mauvais local et j’ai demandé soudainement est-ce bien le bon local? Par contre, j’ai oublier de dire bonjour… c’est un simple oublie. Une personne dans ce local m’a répondue d’une manière tellement sec… qu’Il faut que je dis bonjour avant de poser une question.. je sais que c’est important, mais sur le moment je me sentais tellement comme une personne mal éduqué et depuis je suis tellement en colère contre cette remarque.